Les sachets d'eau

Au Sénégal, le fléau environnemental des sachets d’eau en plastique

 

Le pays a adopté en 2020 une loi interdisant les plastiques à usage unique, mais celle-ci est restée lettre morte en ce qui concerne l’eau en sachet, dont la fabrication et la distribution font travailler des milliers de personnes.

 

Ce geste négligent, ils sont innombrables à le faire chaque jour. Les sachets vides transparents, de la taille d’une poche, traînent partout, surtout en ces mois où la température ne descend pas sous les 30 C. Sur la plage, ils se mêlent à une masse de déchets drainée par les eaux nauséabondes de canalisations défectueuses. Ils jonchent les abords des stades et des chantiers. Personne n’y prête attention.

 

Pratiques, partout disponibles dans les commerces ou auprès des vendeurs de rue, moins chers que les bouteilles, ils font partie du quotidien

 

 

Ces sachets sont un produit de consommation courante dans un certain nombre d’autres pays d’Afrique, comme le Nigeria, la Côte d’Ivoire ou le Burkina Faso. Ils sont proscrits au Kenya et au Rwanda, en vertu d’interdictions sur les plastiques à usage unique remontant à 2017 et 2019. Le Sénégal lui-même a voté une loi analogue en 2020, mais elle est restée lettre morte en ce qui concerne les sachets d’eau. L’Ouganda connaît une situation similaire.

La loi adoptée en 2020 complétait une législation de 2015 qui proscrivait la vente de sacs plastiques fins mais n’était guère appliquée. Le nouveau texte visait les plastiques à usage unique et jetables, comme les pailles pour les boissons ou les emballages dans le commerce. Les autorités avaient presque immédiatement consenti des exceptions, dont les sachets d’eau font partie

 

 

Khadidjatou Dramé, chargée des affaires juridiques au ministère de l’environnement, le reconnaît : « Nos réalités socio-économiques ne nous permettent pas d’aller vers leur interdiction totale. » La fabrication des sachets, dans des unités artisanales ou industrielles, et leur distribution font travailler des milliers de personnes.   Des dizaines de marques se disputent le marché. Elles se vendent à l’unité ou par lots de 30. Le sachet de 400 ml coûte 50 francs CFA (0,08 euro) et celui de 250 ml 25 francs CFA.

Le recyclage est balbutiant

Conséquence,  des quantités de sachets finissent dans la rue,   omniprésents, même en ville. Les poubelles publiques sont inexistantes. Le nettoyage laisse à désirer, le recyclage est balbutiant. Plus de 250 000 tonnes de plastique sont jetées chaque année, près de 30 000 seulement sont recyclées, indiquait un rapport du ministère de l’urbanisme en 2022.

Différents interlocuteurs de l’AFP soulignent la nocivité de ces sachets, qui mettent quatre cents ans à se décomposer en microplastiques. Non seulement ils polluent les eaux, mais ils obstruent les évacuations

 

Il est commun qu’on les brûle, ce qui libère des dégagements toxiques.

Vite bu et vite jeté, le sachet d’eau en plastique est devenu un fléau dans ce pays

 

 

A petite échelle, l’association Main dans la Main avec l’Afrique, en amenant l’eau au plus près des populations contribue à diminuer ce fléau de l’eau en sachets plastique.

 

 

 

 

Maryse Laborde,